Salut moi c’est Renée, j’ai 24 ans.
La violence basée sur le genre est la violence basée sur l’orientation sexuelle et l’identité sexuelle. Dans mon cas étant lesbienne, c’est la violence faite sur des femmes ayant des relations sexuelles avec des femmes. Lorsqu’une femme se met avec une autre femme au Cameroun, c’est considéré comme un délit et selon les détenteurs de la bible c’est vu comme un péché. Ici les lesbiennes sont tellement violentées sur cette base-là.
Ma première expérience a été faite dans la cellule familiale avec mon papa, ma maman lorsque des racontages ont été faits, des dits sont arrivés, des gens ont commencé à parler, des gens leur ont dit que votre fille est lesbienne, votre fille passe son temps avec des lesbiennes. Il y avait des filles qui étaient reconnues comme telle dans la ville et dès qu’on m’a vu marcher avec elles, on a commencé à me taxer de lesbienne. Mon papa m’a réprimandé, il m’a violenté que ce soit verbalement, que ce soit physiquement et m’a dit qu’il ne voudrait plus me voir avec ces genres de filles, qu’il n’aimerait plus que je fréquente ces genres de filles et qu’il voulait que ces ragots cessent parce que si j’arrêtais ça, ça allait cesser.
“J’ai été violentée physiquement et moralement par mon papa, par ma maman, par mes frères et sœurs qui disaient que ce n’est pas bien d’être lesbienne, c’est une malédiction. ”
Les gens qui me montraient du doigt dans la rue quand je passais ou quand je partais m’asseoir dans un bar ils me montraient du doigt, quand j’étais avec ma copine ils me montraient du doigt, ces deux filles là ce sont des lesbiennes. « Ton papa en a déjà parlé, il est fatigué elle ne veut pas comprendre on ne sait pas pourquoi elle est toujours avec cette fille, on ne sait pas ce que cette fille lui donne. »
Concernant ma sœur, ça été un peu plus violent parce que ça fait plus d’un an qu’on ne se parle plus, on est allées jusqu’aux mains, on a bagarré, elle l’a raconté à toute personne qui voulait l’entendre. Je me suis retrouvée entrain de déménager parce que je ne pouvais plus vivre dans la cité comme elle était venue le dire à tout le monde.
Et d’un inconnu dans la rue personnellement à moi non mais à mes amies si. Mes amies qui ont les allures masculines lorsqu’on nous voit ensemble, pire encore lorsqu’on se tient la main ou lorsqu’on se fait un câlin ou lorsqu’on rit à haute voix simplement, les gens nous disent qu’est-ce que ces lesbiennes-là font là ? Ma chérie est ce que tu n’as pas honte de marcher avec ce genres de filles ? Elle va te détourner, elle a le démon en elle, c’est une lesbienne, il faut t’éloigner d’elle.
“Elle a l’air masculine il faut arrêter, il faut arrêter, il ne faut plus, il ne faut plus.”
Je ne peux pas le quantifier parce que ça ne serait pas vrai. Dans ma famille ça ne s’est jamais arrêté, tout le temps ma maman m’appelle il faut changer ta vie, mon papa m’appelle, mes tantes le font tout le temps. On te voit avec ta copine, elle a l’air collante, elle a l’air masculine il faut arrêter, il faut arrêter, il ne faut plus, il ne faut plus. A un moment tu te retrouves entrain de pleurer parce que tu te retrouves dans l’embarras du choix, tu dois choisir entre ta famille et ta copine, du coup ça devient ambiguë. Et dans la rue lorsque tu es avec ta copine si elle a une allure féminine, tout le monde qui passe que ce soit un homme que ce soit une femme, comment deux filles peuvent se retrouver ensemble ? Vous êtes des lesbiennes, on doit vous bruler, on doit vous jeter, vous devez aller en prison. Et de fois on vous fait même le chantage. Parce qu’on vous dit que vous êtes lesbiennes, il y a des gars qui vous harcèlent parce que c’est dit que tu es lesbienne et comme il sait que tu es lesbienne, il faudrait bien que soit tu couches avec lui, soit tu lui donne de l’argent pour qu’il te laisse tranquille.
Moi pour condamner cette violence, j’ai deux méthodes. Il y a la méthode pacifique qui est la méthode que j’emploi souvent quand j’en ai assez. Lorsque je marche avec ma copine dans la rue, lorsqu’on part peut être dans un bar pour prendre un pot, je ne sais pas lorsqu’on fait une activité quelconque et banale, quelqu’un à un moment vient nous dire qu’est-ce que vous faites là ? Ce sont des lesbiennes, ou bien il dit à ma copine c’est un homme ça? C’est une fille ça ? Tu es quoi ? Fille, garçon ? Tu ressembles à quoi ? Et il y a beaucoup d’ambiguïté dans ce qu’il dit. Et moi lorsque je me sens-là, je me sens fatiguée je ne réponds pas. Mais lorsque je me rends compte que ça fruste vraiment ma copine, je riposte. Je vais souvent jusqu’à me quereller avec la personne, à l’injurier pour ainsi faire partir ma colère, ma frustration, mon angoisse, mon malaise parce que nul n’aimerait marcher en dehors et se faire traiter de lesbienne mais c’est ce qu’on est. Nul n’aimerait se faire insulter en groupe. Donc je m’exprime souvent par la colère et tout ça.
Chouf
“Nous nous acceptons telle que nous sommes et nous n’avons pas besoin de nous justifier. ”
Mon engagement personnel en tant que lesbienne, je sais que je suis lesbienne donc je m’assume, je m’aime et je m’affiche avec ma copine où je veux peu importe ce que disent les gens. Ils finiraient bien par comprendre que nous sommes là ; que nous existons, que nous ne sommes pas frustrer pour ce que nous sommes, que nous nous acceptons tel que nous sommes. Nous nous acceptons telle que nous sommes et nous n’avons pas besoin de nous justifier. On nait telle qu’on est. On n’a pas besoin de dire aux gens que c’est indépendant de quoi que ce soit ou d’avoir honte de ce que nous sommes. Et je suis aussi dans une association LGBTI qui œuvre dans les droits et le respect des personnes homosexuelles et ça m’aide parfois à m’en sortir quand j’ai certaines boules dans le ventre, quand je ne me sens pas bien, je vais là-bas et ça me redonne du courage. Et lorsque j‘ai des amiEs qui ne vont pas bien, je les amène là-bas et du coup on se sent bien.