Moi c’est Océane, je vis à Douala.
Bon parlant des violences, les violences, c’est l’ensemble des injures, des paroles blessantes et violentes, ainsi que des actes, que certaines personnes, certains individus posent vis-à-vis de certaines personnes selon leur orientation sexuelle, bon bref c’est ce que moi je pense. D’où moi je pense que c’est la violence basée sur le genre.
Parlant d’une expérience, de ce type de violence, bon la mienne a été directe. Ce fut atroce, puisque ça a été un viol correctif, administré par trois messieurs d’une tranche de 30 à 35 ans dans le quartier dit Cité des palmiers. Où j’ai eu, je ne sais pas si j’ai eu. Mais bon j’ai malencontreusement rencontré une jeune fille sur le net, sur un site de rencontre. On a sympathisé, on a causé. Au téléphone, j’étais tout le temps accroché tous les soirs. Avec elle, on causait, on discutait. Elle m’a invité une fois au Château Rouge, on s’était vu en tout pour 30 minutes, parce qu’elle était pressée, il fallait qu’elle aille au travail et consort. Mais bon on s’est juste aperçues. Elle était bien jolie, elle m’a plu. Bon bref je pense qu’on s’est plu. Bon selon ce que moi je me disais. On est restée en contact donc du coup ça a abouti à un second rendez-vous. On s’est vues au Dakéré où on a mangé, on a bu, on a sympathisé, on a causé longtemps. Ce qui a abouti à un troisième rendez-vous. Donc elle m’a demandé de venir chez elle.
“Etant une fille, j’étais confiante, ce n’était pas quand même un homme pour avoir peur. Je suis partie. ”
J’ai quitté chez moi vers 19h 20h, donc j’ai dû arriver là-bas vers les 20h30 21h comme ça. Je l’ai appelé, elle m’a dit qu’elle a envoyé son chauffeur me chercher. Le chauffeur en question est venu, et il m’a dit, « bon écoutes, vous attendez quelqu’un et si c’était Leila? » j’ai dit oui. Nous sommes partis. On a marché pendant un bon moment, mais après je lui dis mais comment se fait-il qu’on est en train de rentrer au quartier, en plus on s’éloignait des maisons. Déjà que c’est un quartier que je ne maîtrise pas.
Bon le temps que moi je me retourne pour dire que moi je n’avance plus, deux autres messieurs se sont ramenés. Et tous les trois m’ont violés, soit disant que c’est nous qui détournons leurs sœurs au Cameroun. On veut détruire leurs sœurs, ils vont me faire aimer le pénis patati patata. Regardes comment j’ai un beau corps. L’autre voulait même toucher mes seins, j’ai refusé, il m’a giflé. Il m’a dit, « tu as de beaux seins comme ça, tu préfères aller donner ça aux filles de sucer, que de venir donner à nous les hommes » ils m’ont franchement violé, je n’arrivais même plus à marcher. De surcroît, ils m’ont même emportée jusqu’à la route. Ils m’ont mise sur la moto, ils m’ont payé la moto, pour que la moto me ramène chez moi.
Bon j’ai été traumatisée, et cela s’est passé juste une fois, mais franchement, je ne souhaiterais à personne, à aucune autre lesbienne de vivre ça. Et honnêtement, je n’ai pas réagi. Parce que avec la honte et craignant aussi le jugement de la société, j’ai préféré garder le silence. Déjà que moi je ne savais pas trop quoi dire. Si je partais porter plainte, je devrais commencer comment ? Bon j’ai rencontré une fille blablabla, ça a mal tourné… du coup je pense que pour finir moi-même je vais finir en prison si je partais raconter ce genre de chose.
Mais honnêtement, avec le temps, je me suis rendue compte que si il y avait une possibilité pour moi, pour pouvoir changer ce genre de choses, de sorte que ça ne puisse arriver à aucune autre lesbienne, j’aurai aimé… j’en parle, ce n’est pas la première fois, j’en parle. Et si possible militer pour qu’aucune autre lesbienne, ne subisse ce genre de traumatisme, qui m’a détruit pendant beaucoup de temps. Me faisant fuir, le monde sombre, à la vue de l’obscurité. Parce qu’à cette époque-là, franchement, 17h on ne me trouvait plus dehors. J’ai été traumatisée pendant plus d’un an. Moi je ne fais plus confiance, plus de rencontre sur le net. Même quand je rencontre une fille qui me drague en cours de route et qui me demande de venir chez elle, je suis réticente. Je préfère gérer dehors de peur de subir encore ce genre de chose.
Voilà en quelques longues phrases ce que j’ai subi et ce que je pense de la violence basée sur le genre.
Chouf
“Tu as de beaux seins comme ça, tu préfères aller donner ça aux filles de sucer, que de venir donner à nous les hommes. ”