Témoignage de Fleur du Cameroun

Bonjour je suis Jackie-Fleur, je suis au chômage.

Pour moi la définition de la violence basée sur le genre, c’est l’atteinte à la dignité profonde d’un être particulièrement nous les femmes, les homosexuelles, les minorités. C’est aussi une manière brute de réduire, de réduire, de rabaisser les personnes faibles. Une douleur, une peur physique ou morale constante.

Parlant de ma première expérience avec ce type de violence, ça remonte à très longtemps, je crois que j‘avais 5 ans ou 7 ans. La première expérience que j’ai eu avec ce type de violence précisément les violences physique et morale, c’était quand j’avais 7 ans. J‘ai eu, on appelle ça dans les écoles, un bobo quoi. C’est lui qui me menaçait, il m’empêchait même d’aller à l’école. Et donc de fois j’arrivais déjà à fuir l’école parce que j’avais tellement peur. Chaque matin il fallait lui faire des comptes, genre lui remettre mon petit déjeuner et tout sinon, il me tabassait. Ça c’est un truc qui m’a vraiment troublée depuis mon enfance parce que rien que l’idée de me réveiller chaque matin et de savoir que je dois aller en classe et que mon bobo qui était mon voisin de banc, il allait me menacer et tout. Je vivais dans une peur qui ne disait vraiment pas son nom. La preuve en est qu’aujourd’hui je me rappelle exactement de tout ce qui s’est passé. Mais bon avec le temps j’ai essayé de remonter ça mais ce n’était pas du tout évident. Bon pour les autres violences, les violences du genre parlant de viol ou je ne sais pas quoi.

“Pour les viols ça été un peu mon itinéraire de vie. J’ai été plusieurs fois atteinte physiquement par… le bas qui blesse le plus c’est que c’était beaucoup plus des personnes de la famille. ”

D’abord il y avait un de mes oncles au village et il y a d’autres membres dans la famille.

Ici je vais un peu beaucoup plus m’attardé sur une histoire que j’ai vécu beaucoup plus récemment, il y a cela un an et demi. C’était lors de ma dernière relation avec ma partenaire. Sincèrement de prime à bord c’est une personne assez ouverte, qui parle bon bref très attentionnée et tout. Mais elle renferme une possessivité énorme et une brutalité hors norme. Ce qui fait qu’il y a de cela un an, c’était en juillet dernier. Un matin, il y a une de ses sœurs qui a monté une histoire soit disant j‘étais là avec elle pour son argent et tout et tout parce qu’elle ne vit pas ici, elle vit en Europe. Bon bref sa sœur a inventé une histoire parce que sa sœur avait l’impression qu’elle portait trop d’attention sur moi. Et sa sœur avait inventé une histoire soit disant, histoire de la remonter, que j’étais là uniquement pour de l’argent, matérialiste et tout. Ce que je n’ai jamais été dans ma vie parce que je sais sur quoi je compte.  Du coup elle s’est énervée, elle s’est emportée et elle a même commencé à me coller des histoires du genre je la trompais, je sortais avec je ne sais qui pourtant durant plus de trois mois qu’elle a passée ici au Cameroun, je ne décrochais jamais mon téléphone par respect pour elle, pour ne pas la mettre mal à l’aise. Elle, elle se disait que c’était pour me cacher et tout

Ce jour-là je me suis vraiment senti hyper rabaissée, hyper faible, très vulnérable parce que elle s’est emportée un matin, elle s’est mis à me bastonner, ça rallait de partout. Elle a commencé à me bastonner dans les toilettes donc vous pouvez imaginer ce que ça fait; les toilettes avec les carreaux qui glissent et tout. C’était, tu glisses à gauche, tu glisses à droite, c’est la tête qui est cognée par ci par là. Là où c’est devenu vraiment grave et j’ai cru que j’allais y passer, c’est quand elle a commencé à m’arracher les cheveux de la tête avec les mains et tout.

La seule chose dont je me rappelle c’est que j’ai entendu un craquement au niveau de mes cheveux peut être pendant une heure de temps. Du genre quelqu’un t’arrache les cheveux avec les mains. Après je sentais les picotements mais à l’instant je ne réalisais pas encore à quel niveau, bon bref le degré de blessure que j’avais. Quand quelqu’un t’arrache les cheveux de la tête avec les mains. Ça c’est une expérience que j’ai vécu il y a quelque temps et ça m’a beaucoup traumatisé, ça m’as fait très peur du coup j’ai même du mal à me remettre en relation parce que j’ai peur encore de tomber encore sur une personne aussi violente.

Sincèrement je ne peux pas faire un état. C’est plusieurs fois et c’était beaucoup plus sur plusieurs étapes de ma vie comme on dit tu as l’enfance, tu as l’adolescence, tu as la puberté et tu as l’adolescence. Pour moi, ce type de violence je vis ça pratiquement sur toute ma vie. Aujourd’hui je suis âgé de 27 ans et je peux dire que j’ai passé presque 20 ans avec ce genre de violences. 

“Parfois il y a la solitude choisie mais la solitude imposée parce que les gens te rejettent et tout et tout, ça tue le moral. ”

Que ce soit des violences physiques, que ce soit des violences morales, que ce soit des violences psychologiques donc je ne peux pas faire un décompte là maintenant. Je me dis juste que c’est un truc que j’ai vécu pratiquement toute ma vie.

Personnellement, je crois que je vis ça tout le temps surtout avec la situation que je vis actuellement depuis mon accident avec ma dernière partenaire de tout, c’est devenu encore pire même dans la famille. Tu as toute la famille qui te rejette parce que tu es homosexuelle. Maintenant à côté de ça il y a les injures, il y a un rejet total du genre tu vois on te met en quarantaine parce que toute la famille a appris que tu es ceci, c’est comme si tu étais un extra-terrestre, c’est comme si tu étais contagieuse, on te met à l’écart, on ne te parle plus, on estime que tu es un monstre, que tu as signé je ne sais pas un pacte avec le diable et tout et tout.

Et sincèrement je ne sais pas, je crois que c’est une des pires choses qu’on peut vivre sur cette terre. Parfois il y a la solitude choisie mais la solitude imposée parce que les gens te rejettent et tout et tout, ça tue le moral. Parfois on pense uniquement à ces idées et tout et tout. C’est un peu ça.

Xonanji

Particulièrement autours de moi je connais beaucoup de filles qui ont vécu ça. Il y a mes tantes d’abord. Mes tantes elles ont beaucoup vécues des violences physiques avec leurs conjoints qui les bastonnaient et tout. J’ai vécu ça comment?  Parce que je vivais souvent ça en direct du genre il y a un conjoint qui bastonne sa femme et tout et sincèrement ça un truc qui m’a toujours mis hors de moi, ça m’a toujours donné une envie d’avoir une force extrême et de pouvoir rendre ça. Mais après je me dis est ce que la violence avec la violence ça paye ? Donc du coup je me disais toujours si je pouvais avoir l’occasion de pouvoir aider toutes les personnes qui se faisait violenter dans tout le monde. Les violences physiques c’est vrai elles sont un peu dures parce qu’on touche le corps et tout mais je crois que c’est la violence morale et psychologique qui est la plus dévastatrice.

“Pour moi, ce type de violence je vis ça pratiquement sur toute ma vie. Aujourd’hui je suis âgé de 27 ans et je peux dire que j’ai passé presque 20 ans avec ce genre de violences. ”

Pour éviter de subir encore des violences, chaque fois ce que j’ai essayé de faire, les premières fois quand c’était mes oncles qui ont essayé de me violer, j’ai porté plainte. Malheureusement lors de ma dernière plainte, je me rappelle avec ma partenaire, et ici il y avait un jeune homme qui m’avait agressé physiquement parce qu’il insistait, il voulait sortir avec moi et il estimait que je dois sortir avec lui au lieu de sortir avec une femme et tout. Il m’a carrément menacé, il m’a pratiquement violé. Je suis allée porter plainte et je peux tout dire que je n’ai pas été satisfaite pourquoi parce que la personne chez qui j‘ai porté plainte, lui il a trouvé que c’était l’occasion de mettre à vie et il a tout fait pour étouffer ma plainte et il m’a demandée même de laisser tomber.  Après un moment même il a commencé à me harceler donc du coup j’ai abandonné le côté de la justice. Je me suis dit que ça ne vaut pas la peine et tout. Par contre je me suis mise, j’ai intégré un groupe avec une amie particulière. Elle vit du côté de Douala. Quand je suis arrivé à Douala j’ai intégré une association avec une amie. Elle m’a mise en contact avec d’autres personnes qui ont été victimes et tout.

“Et à travers beaucoup de causeries, beaucoup d’écoutes et de conseils, le fait de partager, de discuter avec d’autres personnes surtout le milieu homosexuel, ça été vraiment une occasion pour moi de remonter un peu la pente. ”

C’est vrai ce n’est pas facile, parce qu’il y a des fois je me réveille en sursaut, je continue à le vivre et tout et tout mais rien que le fait de savoir quand même que tu as des personnes comme toi c’est-à-dire des personnes de la communauté, et qui te soutiennent et qui malgré tout partage avec toi leur expérience, tu te rends compte que tu n’es pas la seule personne qui vit ça. Donc du coup ça aide un peu à remonter la pente. Et aujourd’hui moi je me suis engagée personnellement à aider tous ces gens qui passent par là et qui vivent ces genres de violences.

Particulièrement ce que je fais, j’écoute beaucoup plus parce que bref certaines personnes disent que j’ai un don pour la psychologie. Donc ce que je fais, j’essaie d’écouter avec le groupe, je médite et je donne les conseils à partir de ma propre expérience et tous les trucs violents que j’ai vécus dans ma vie. Mais je dirais quand même pour finir que les violences sur le genre surtout pour nous les homosexuelles, je crois qu’il est impératif qu’on trouve une solution assez fiable surtout pour nous les femmes. Parce que ce n’est pas du tout évident. Parfois on a beau joué le moral devant les gens et tout et tout genre on a le moral dur, on a le mental haut et tout ça, mais sincèrement ce n’est pas du tout évident. Pourquoi? Parce que quand tu es d’abord rejetée, tu es vulnérable et tout, tu as en face de toi beaucoup de tentations et de vices. Donc à un moment tu peux être abattue, te dire que tu es seule et tu ne sais pas comment il faut faire pour t’en sortir. Donc je crois quand même que le fait de partager déjà les causeries c’est déjà un truc mais si on peut encore avoir d’autres solutions je crois que ça sera encore mieux. Bon je crois.