Témoignage de Dom du Burkina Faso

Je réponds au nom de Domi. J’ai 33 ans, de nationalité burkinabé, je suis technicienne en bâtiment. Comme orientation sexuelle, je suis lesbienne.

Pour moi la violence basée sur le genre c’est une personnalité qu’on dégage qui ne répond pas aux attentes de sa société ou de sa communauté tout simplement parce que je me dis que quand on parle de genre, il y a le genre typique. On peut être un homme et on attend quelque chose de ton genre. Si toute fois tu choisissais un chemin qui n’a rien à voir avec ceci, tu es stigmatisé, tu es mal vu, tu es indexé d’office. Si tu es une femme qui ne répond pas aux normes ou aux attentes de ton genre dans ta communauté aussi, tu seras tout droit pointée du doigt et bon voilà. On sera là à te marginaliser, à te dire tout ce qu’on veut parce que ce n’est pas tout le monde qui as une compréhension avancée des choses. Pour moi déjà quand il y a un complexe de genre cela veut dire que la personne est déjà contrainte à ce que tout le monde attend de lui.

Tout ceux-ci sont des violences parce que c’est cela  qui va conduire à la violence. C’est parce qu’on a remarqué que tu n’es pas « normale » que peut être on a envie de t’agresser parce qu’on aurait aimé te voir comme les autres et le fait que tu sois comme tu es aussi, cela ne les donne pas beaucoup trop d’avantages à faire de toi ce qu’ils veulent parce qu’il y a une rébellion qui se pose automatiquement. Lorsque vous n’êtes pas pareilles dans vos façons d’être donc automatiquement cela pose problème. Si tout le monde arrive à constater une fille qui est comme un garçon, automatiquement le garçon qui est là se dit quoi? Celle-là il faut que je l’agresse. Personnellement depuis que j’étais petite j‘ai eu ces problèmes soit à l’école, soit dans mes divers milieux que je fréquente. Parce qu’on te voit tu es une fille, ils savent que tu es une fille mais tu as l’aspect physique d’un homme et parfois même mental. On veut te tester, on t’agresse pour savoir de quoi tu es capable. Est-ce étant comme tu es, tu es aussi tenace comme tu es. Et on a envie de savoir ce que tu caches au fond de toi sur tous les plans.

’autres même se permettent de faire des paris pour venir te draguer, te faire la cours, coucher avec toi pour savoir ce que tu as, qu’est-ce que tu caches derrière ce coquillage-là.

près au passage jusqu’à ce que je sois mature j’ai toujours eu ces genres d’agrippement là à des endroits, d’agression à des endroits où c’est lié à mon genre. Bon mais en fait moi je n’ai pas toujours trouvé ça comme un problème parce que j‘arrive toujours à me défendre et c’est le plus important. Et je pense que des gens à ma place ne sauront pas se défendre ou ne pourrons pas se défendre donc je pense que c’est une cause qu’il faut vraiment défendre aussi et puis pouvoir préserver les autres à l’avenir.

Xonanji

Après au passage jusqu’à ce que je sois mature j’ai toujours eu ces genres d’agrippement là à des endroits, d’agression à des endroits où c’est lié à mon genre. Bon mais en fait moi je n’ai pas toujours trouvé ça comme un problème parce que j‘arrive toujours à me défendre et c’est le plus important. Et je pense que des gens à ma place ne sauront pas se défendre ou ne pourrons pas se défendre donc je pense que c’est une cause qu’il faut vraiment défendre aussi et puis pouvoir préserver les autres à l’avenir.

Généralement, il arrive que des gens viennent dans le maquis, vous êtes là, ils sont assis avec quelqu’un qui te connait, ils commencent à faire la discussion, l’un dit non c’est une fille, l’autre dis non c’est un homme, l’un dit c’est une fille moi je la connais. L’autre se met à dire non si c’est une fille ce n’est pas la peine. Il se lève, déjà de là où il est, il commence à t’agresser. Déjà même sa façon de te parler c’est d’abord une injure ça c’est un; tout simplement parce qu’il s’attend à ce que tu revendique le respect.

Et quand tu vas revendiquer le respect dans le langage qu’il t’a adressé, il profite de ça et il veut te poser la main dessus. Et moi j’en connais qui ont eu ce problème et moi personnellement j’ai défendu ces genres de causes là plusieurs fois dans mon entourage parce que moi j‘étais très impulsive et j’avais horreur qu’on me blesse, qu’on me manque de respect parce que je me dis que non toi comme moi on est pareille. La seule différence est que moi j’ai choisi d’être comme je suis et toi tu es comme tu es. Si tu veux ressembler à ce que les gens veulent ça te regarde. Moi je veux ressembler à moi-même et c’est ça seul qui fait la différence.

Ouais on dira tu es là tu laisse les garçons, tu veux jouer avec les filles, des trucs comme ça, patati patata, tu sauras ceci ou cela. Parce qu’il a négocié on ne veut pas accepter, parce que tu es comme ça, ils veulent forcer.

Il y a des violences verbales, physiques aussi parfois. Il y a des hommes qui parfois par exemple quand tu es une femme, parce que ce n’est pas parce que nous on est comme ça que des hommes ne nous désirent pas. Il y a parfois des hommes et quand tu tombes sur le voyou par exemple, qui n’a pas une certaine stabilité mentale, quand il se rend compte qu’il t’aime et qu’il te désire voir sexuellement par exemple et que toi tu n’as pas cette tendance, ça ne t’intéresse pas, on peut te violer expressément. Il y a eu des cas comme ça. Moi j‘ai une amie qui a connu ça. Même si elle a pu se défendre et que l’acte n’a pas été commis, l’intention c’était ça en fait. Ouais on dira tu es là tu laisse les garçons, tu veux jouer avec les filles, des trucs comme ça, patati patata, tu sauras ceci ou cela. Parce qu’il a négocié on ne veut pas accepter, parce que tu es comme ça, ils veulent forcer. C’est une violence. Donc les cas comme ça aussi, j’en ai connu comme d’autres filles qui ne sont pas du genre masculin, qui sont féminines et qui même souvent sont des bisexuelles mais à cause de ça même se font souvent agresser, on veut les violer, on veut les prendre.

La violence verbale en tout cas c’est très courant ici. Physique ça c’est quelques rares fois. Ils ne veulent pas avoir à faire à toi, il préfère t’agresser verbalement parce que, voilà tu es comme une personne contre nature, comme une personne qui ne mérite pas d’être. Parce qu’on ne peut pas comprendre qu’il y a des hommes qui te courent après et tu préfères aller te masturber aux côtés d’une femme. Ils ne peuvent pas comprendre ça.

Ils utilisent souvent ce terme péjoratif par exemple en langue mooré généralement ils emploient le terme POGLIN DAOGO qui veut dire que tu n’es ni une fille, tu n’es ni un garçon. Et je peux dire qu’ici on te piste de lesbienne à partir de ton genre généralement. Parce qu’ici, quand la fille est correcte, elle s’habille en dame correctement, elle n’est pas mal vue, même si on apprenait qu’elle était lesbienne elle a moins de soucis. Mais quand déjà tu es comme ça (en se désignant elle-même, son apparence masculine) même si tu n’es pas ça. L’étiquette est déjà collée et on fait tout pour te frustrer à l’occasion.

Lorsqu’on m’agresse, très souvent je réponds par la violence parce que c’est quand ça atteint ce stade que moi j‘interviens. Je réponds par la façon dont la personne veut venir.

J’ai eu plusieurs fois, à me battre, justement pour ces genres de discrimination, de stigmatisation et consort là moi franchement c’est une chose que je n’arrivais pas à tolérer parce que je pense que chacun à une vie. Ce que tu as choisi de faire je peux te dire que je te déteste parce que tu couches avec une femme. Pourquoi pas ? Mais si ça ne me dérange pas le fait que moi je couche avec ma camarade ça ne doit pas te déranger ! Ce n’est pas ton enfant, ce n’est pas ta maman. Moi c’est généralement les termes je j’emploie. Et quand tu commences il y en a même qui disent que si tu t’amuses là on va te baiser là, je dis mais vas baiser ta mère elle n’est pas à la maison ?Ou d’autres même viennent expressément ils disent c’est combien combien ? Moi j’ai fait des bagarres comme ça. C’est combien combien ? Je dis beh ta mère vend combien ? Ou bien qu’est-ce que tu ne peux pas faire avec ton argent mais vas baiser ton argent ! Très généralement quand tu viens tu veux me tester, je suis la première à te frustrer parce qu’en ce moment je m’attends maintenant à ce que tu essais de t’accrocher  pour qu’on se règle facilement les comptes quoi parce que je n’aime pas non plus trop parler.

 

[1] Langue majoritairement parlé dans la région du Centre du Burkina

[2] Terme signifiant littéralement « Femme-Homme » qui est aussi utilisé pour désigner les personnes intersexués. A l’origine il n’était pas péjoratif mais aujourd’hui il l’est.

“la société à un moment donné nous transcrit leur règle et puis voilà on essai par tous les moyens de suivre”

Aujourd’hui je dirais que en fait ce qui arrivait avant c’était lier à l’âge et c’était aussi lier au fait qu’on était les premières à avoir adopté ce style là et que les gens n’arrivaient pas du tout à admettre, à accepter ça. Mais l’avantage aujourd’hui c’est quoi ? Quand tu regardes presque dans chaque famille, on peut retrouver une personne soit de genre contraire soit une tendance. Donc on est arrivé au fait que tout le monde né comme ça mais que la société à un moment donné nous transcrit leur règle et puis voilà on essai par tous les moyens de suivre. Mais je connais des dames marier, des hommes marier, de vielles personnes qui sont comme ça. Quand il te voit automatiquement dans le regard, dans ta manière de faire tu sais que… Et moi présentement j’ai un coin où je cause et des dames comme ça viennent. Des dames qui ont de grands enfants 15, 16ans, des enfants qui sont déjà adultes pratiquement mais qui sont comme ça.

Aujourd’hui moi personnellement je ne fais plus la guerre. Moi quand tu me vois ce que tu veux savoir c’est ce que je te dis en riant. Ah non je ne te laisse même plus l’occasion de tenter d’agresser. Tu vas venir, tu vas tendre un nœud pour m’énerver ou pour énerver quelqu’un parce que généralement si je suis à côté je dis laisser ça, ne répondez pas parce que vous êtes en train de consommer avec votre argent. Est-ce que vous avez un garçon sur votre table ? En fait j’utilise ça aujourd’hui maintenant pour blesser en retour. Quand tu commences à m’adresser des paroles bizarres, je me mets à rire et je te demande et alors il y a quel problème ? Ça te pose problème que je sois comme ça ? Je ne suis pas de chez vous hein ! Tranquille ! Je ne suis ni ta sœur, ni ta maman. De façon tranquille, douce quoi. Donc si tu as un problème avec moi mais peut-être c’est toi qui vas changer d’endroit parce que moi franchement  je suis bien où je suis. Je dis ou bien tu veux qu’on rentre pour que tu vérifies ? C’est généralement ce que je dis ou bien tu veux qu’elle rentre et tu vas vérifier ? Les personnes avec qui je suis. C’est généralement comme cela moi je fais mais passer à cette violence de corps à corps moi je trouve que c’est révolu ce temps là parce qu’aujourd’hui quand tu sors à chaque 500m tu vas croiser une personne qui ressemble à un homme qui est une femme. En fait la promotion est assurée hein actuellement la promotion est assurée pour les personnes transgenres franchement. Quand ça commence à être beaucoup, ils passent à autre chose. Imagine quand tu arrives dans un maquis aujourd’hui, tu es seul et on commence à parler de toi,  quand vous êtes devenus nombreuses à un moment donné on vous oublie on ne parle même plus de vous. Donc c’est dire en fait c’est la matraque d’esprit-là qui peut nous aider aujourd’hui à surpasser ces violences-là.