Témoignage de B du Togo

Je suis togolaise, j’ai 28 ans et je suis assistante technique dans une institution de la place.

Je pense que si j’ai une bonne mémoire, ma toute première expérience remonte à quatre ans déjà et c’était au cours d’une excursion au nord du Togo. Et si j’ai bonne mémoire c’était à Sokodé dans la région centrale. Et comme vous le savez, la région centrale c’est une ville à tendance islamique et quand on parle de femme, on doit s’habiller d’une manière un peu islamique. Et lorsqu’on était sortie un après-midi, il y avait des regards tout au long de notre passage et tout le monde voulait savoir exactement si j’étais femme ou si j’étais un garçon. Et c’était un peu difficile puisqu’on était en groupe et j’étais la seule personne qui avait été ciblée. Et je pense que ça m’a beaucoup gênée mais je me disais que j’étais de passage, j’étais là pour une mission et l’essentiel est que la mission finisse très vite et que je puisse repartir et être à l’abri donc de toute cette curiosité de l’entourage dans lequel je me suis retrouvée tout au long de cette période.

Bien sûr, c’est moi qui suis ciblée le jour-là. Ca été un peu difficile. Voilà c’est des gens que je ne connais pas, qui se sont mis à parler de mon habillement surtout. J’étais en pantalon et chemise et bah voilà.

“Je dirais simplement qu’à chaque fois que je passe à des endroits inhabituels, je suis toujours aperçue et ce regard de l’endroit où je passe qui cherche toujours à savoir si je suis du sexe masculin ou du sexe féminin. ”

Parlants du nombre de fois, je dirais tout simplement plusieurs fois parce que là vous savez la population togolaise a une autre culture et que c’est souvent difficile de passer inaperçue par rapport à mon habillement et à ma démarche. Partout à chaque fois que je passe à des endroits, tout le monde veut toujours savoir si je suis de sexe masculin ou si je suis de sexe féminin. C’est un peu difficile. Ca été plusieurs fois, même à Lomé, que ce soit dans mon quartier, vous venez demandez

d’après moi par exemple et qu’on ne me connait pas, vous essayez de demander, de faire un peu mon portrait, les gens te disent en même temps ah cette fille-là qui s’habille toujours en chemise, en pantalon, bah voilà. Je dirais simplement qu’à chaque fois que je passe à des endroits inhabituels, je suis toujours aperçue et ce regard de l’endroit où je passe qui cherche toujours à savoir si je suis du sexe masculin ou du sexe féminin.

Je ne mène pas d’action parce que là quand vous prenez la mentalité de la population togolaise, les gens se disent que bah une fille qui s’habille de façon masculine est homo et là c’est un peu difficile. Si vous ne faites pas attention et si vous ne vous retrouvez pas au bon endroit par rapport à ces genres de violences surtout verbales et si vous ne faites pas attention, vous risquez donc d’être agressées verbalement et des fois même physiquement. Donc raison pour laquelle ces genres de situations m’arrivent à des endroits où je fréquente rarement, la seule manière, le seul moyen pour moi c’est de m’extraire de cet endroit pour être à l’abri de tout ce qui peut arriver.

Bah, je pense que mon engagement personnel pour mettre fin à la violence basée sur le genre, je pense qu’il faudrait d’abord qu’on essaie de sensibiliser la population togolaise parce que aujourd’hui les gens ont tendance à confondre et le sexe et le genre alors le sexe et le genre n’ont pas la même signification. On peut être de sexe féminin et avoir un genre masculin, on peut avoir un sexe masculin et avoir un genre féminin. C’est ce que la population togolaise ne semble pas comprendre et à chaque fois que vous n’êtes pas dans la logique de ce que pense cette population, on pense que voilà vous êtes homme homme, vous êtes homo, et c’est surtout difficile. Et chaque fois qu’on est face à ces genres de situations, il faut extrêmement faire attention parce que quand on sait que le code pénal du Togo condamne donc les actes contres natures, il faudrait donc faire extrêmement attention pour éviter que beaucoup de choses ne vous arrivent à un endroit où vous passez par rapport à votre habillement, à votre démarche. Donc en somme je dirais que le seul moyen c’est la sensibilisation. Il faut sensibiliser cette population pour qu’elle puisse savoir qu’en réalité quand on parle du sexe, c’est différent du genre. Donc le sexe oui mais le sexe n’est pas égal au genre. Et puis le sexe et le genre n’ont pas la même signification.

“Et chaque fois qu’on est face à ces genres de situations, il faut extrêmement faire attention parce que quand on sait que le code pénal du Togo condamne donc les actes contres natures, il faudrait donc faire extrêmement attention.”